Selon les Comptes de la Santé 2024, la Consommation de Soins et de Biens Médicaux (CSBM) s’élève à 255 milliards d’euros, dont les kinésithérapeutes représentent seulement 7,6 milliards, soit 2,98 % du total. Cette proportion modeste contraste fortement avec les parts allouées aux établissements hospitaliers, à la pharmacie, aux médecins ou aux spécialités médicales.
Cette faible part peut s’expliquer par la nature des actes pratiqués — nombreux, peu coûteux individuellement, de prévention ou de réadaptation — mais elle peut aussi refléter un manque de valorisation structurelle de cette profession dans le système de santé.
Le contexte : une profession sous pression financière
Dans un article publié par la FFMKR, il est dénoncé que les revalorisations tarifaires prévues pour les kinésithérapeutes ont été suspendues en raison des choix budgétaires du gouvernement, ce qui place la profession dans une situation particulièrement défavorable.
Cette suspension des revalorisations revient à réduire encore davantage la place financière des kinés dans le système, alors même qu’ils jouent un rôle essentiel dans la rééducation, la prévention et l’accompagnement des patients.
Une contradiction : rôle préventif vs reconnaissance budgétaire
Les kinésithérapeutes interviennent souvent après un soin médical, pour réhabiliter, entretenir ou prévenir la dégradation fonctionnelle. Leur action conduit à des économies sur le long terme : moins de rechutes, moins d’hospitalisations, meilleure qualité de vie. Pourtant, dans les arbitrages publics, ce bénéfice différé est trop souvent sous-estimé.
La suspension des revalorisations aggrave cette contradiction : d’un côté, on encourage la médecine de ville, les soins hospitaliers, les actes techniques ; de l’autre, on bride les professionnels paramédicaux dont le retour sur investissement est moins visible à court terme.
Impacts concrets pour les kinés
Des conséquences pratiques peuvent découler :
- Une désaffection de la profession, si les salaires ne suivent pas le rôle et la charge de travail.
- Un risque de rupture d’équilibre territorial, avec moins de kinés dans les zones rurales ou moins favorisées, là où ils sont souvent les plus nécessaires.
- Une démotivation accrue, sachant que la profession est déjà soumise à des contraintes (réglementaires, administratives).
Mieux valoriser pour mieux soigner
La faible part des kinés dans les comptes santé 2024 n’est pas un hasard — elle reflète un déséquilibre systémique. Mais ce déséquilibre est aggravé lorsqu’on suspend les revalorisations tarifaires. Si on veut un système de santé soutenable, où la prévention, la réhabilitation et les soins de proximité prennent une place réelle, il est nécessaire de reconsidérer les arbitrages budgétaires. Les kinés ne sauraient être les seuls à payer le prix des choix financiers.