Interview, étudiante kiné : « Continuez de rester curieux ! »

Alors que la réforme des études de kiné en France se met en place petit à petit, une ancienne étudiante de kine-web.com a accepté de répondre à nos questions. Actuellement en 3ème et dernière année, Angéline nous donne son avis …

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– Bonjour Angéline, peux-tu te présenter ? (Parcours avant d’être étudiant kiné)

« Bonjour, actuellement étudiante kiné en troisième et dernière année au CEERRF (Paris). Diplômée d’un bac S avec mention AB, j’ai intégré directement une prépa privée et je suis passée par PCB en réussissant le concours après deux années dont la deuxième associée à Kiné-web. »

– Depuis septembre 2015, la réforme des études de kiné en France a été instaurée, que peux-tu nous en dire ?

« La réforme, du point de vue étudiant, c’est quelques chose de très favorable ! En effet, notre formation manque d’heures d’enseignement et n’est pas reconnue dans le système universitaire (donc difficile d’accéder à des études supplémentaires par passerelle, comme un master de biomécanique ou de science sociale, ou des dérivées toujours en restant dans le secteur de la santé) mais aussi à l’international (équivalence de diplôme, actuellement nous ne sommes -en dehors du territoire- que simple « aide kiné »). C’est pour nous, ou plutôt pour les bébés kiné qui ont commencé à arriver depuis cette rentrée, une chance de se voir ouvrir le milieu scientifique international. Notre métier en France n’est pas vraiment valorisé, nous sommes enfermé dans cet hexagone et regardons timidement par la fenêtre ce qu’y font les voisins. Là on ouvre grand la porte : bonjour les cours d’anglais, les mémoires scientifiques, la médecine basée sur des preuves, les études américaines, australiennes et j’en passe. Bonjour les cours en plus pour nous permettre de s’ouvrir au possibilités offertes par ce métier, bonjour la diminution des périodes d’examen théoriques trop intenses pour se professionnaliser, à la sortie de plusieurs semaines de stage pratique, en totale contradiction. Bienvenue à la France dans ce beau domaine qu’est le paramédical, mélange de preuves scientifiques et d’expérience professionnelle ! »

– La mise en place du nouveau mode d’admission PACES-STAPS-SCIENCE est difficile à mettre en place avec notamment des amphithéâtres surchargées, qu’en penses tu, toi qui est passé par le concours PCB ? Serais tu devenu kiné si tu étais passé par ce mode d’admission (PACES …) ?

 » J’ai eu l’occasion de participer à plusieurs forums étudiants (mon lycée ainsi que celui organisé par L’Etudiant sur les métiers de la santé) et j’ai ainsi pu me renseigner sur les différentes possibilités pour contrer le manque de place en fac de médecine. Même si cela reste un problème majeur à l’heure actuelle, certaines prépa (anciennes PCB) se proposent pour s’associer à des facs de médecine et permettre aux étudiants de suivre les cours par internet en plus de ceux en amphi. Et commence doucement à se mettre en place une multitude de possibilités pour s’adapter … Pas facile de faire bouger une filière entière, mais pas impossible ! Il faut juste un peu de temps.
Je souhaite devenir kiné depuis bien trop longtemps pour qu’un système d’admission puisse m’en empêcher, quand on n’a pas le choix on s’y complaît au final. Et la voie PACES, en plus d’être plus égalitaire et juste envers les différents budgets, permet déjà de mettre un pied dans le milieu médical/paramédical et ça ce n’est pas négligeable. Si j’avais su plus tôt toutes les possibilités pour faire kiné je me serai laissé tenté par la PACES, mais en province. Les facs selon les endroits sont moins chargées qu’en région parisienne et la sélection moins impressionnante.
Alors OUI je serai devenue kiné sans hésiter ! Est-ce qu’un chirurgien hésite parce que son mode de sélection est difficile ? Non. Ici la question ne se pose pas non plus, il faut juste penser à l’éventualité de dévier sur un autre corps de métier (tout comme le faisait certains par PCB en s’orientant également vers des concours de podologue, d’infirmier, manipulateur radio, …) »

– Tu vas bientôt être diplômée, penses tu être bien préparée pour ton lancement dans la vie active ?

« Pas totalement … Ce qui est génial dans ces études ce sont les multiples possibilités d’évolution, toutes les formations complémentaires que l’on peut faire ensuite … On pourrait ne jamais s’arrêter d’apprendre ! La formation de base nous apprend, et bien, les bases. Nous avons largement de quoi exercer notre métier une fois le diplôme en poche et les stages effectués nous permettent de se rendre compte qu’on n’est pas si mauvais ou apeuré qu’on pourrait le croire ! Mais c’est difficile de s’arrêter là, la conscience professionnelle et la curiosité prennent le dessus pour nous pousser à toujours devenir meilleurs, à s’adapter à son patient et non pas à appliquer les cours pour une pathologie, car nous parlons bien d’une personne humaine, unique. C’est là où nous manquons tous de préparation, c’est là que nous rigolons actuellement quand on se demande « et toi tu fais quoi dans quelques moins avec ton diplôme en poche ? » car on sait qu’on ne brûlera pas nos cours comme après la prépa mais qu’on s’y précipitera pour se rappeler du moindre détail qui pourrait ferait avancer la prise en charge d’un patient face auquel on se sent démuni. « 

– L’ordre des kiné a redéfini le métier de masseur-kinésithérapeute, une nouvelle étape ?

« Sans doute oui, le débat a fait rage … Déjà pourquoi « MASSEUR »-kinésithérapeute ? Nous savons faire plein d’autres choses que masser, ici n’est présenté qu’une seule méthode de rééducation mais il en existe bien d’autre comme le renforcement musculaire, le travail actif, l’urogynécologie (et oui !), l’indépendance fonctionnelle, … Etc. La définition était trop sectaire, à mon avis (stop au « oh t’es kiné, fais-moi un massage ! ». Non, le massage c’est 1/10e de ce que fais un kiné) même si certains termes restent encore flous sur nos pratiques et nos limites dans les textes. »

– Un message pour les kinés, et futurs kiné ?

« Pour les kinés ? Bonjour chers futurs collègues ! Continuez de rester curieux, ne vous laissez pas glisser dans votre routine de cabinet, par pitié. Et pour les futurs kinés : ACCROCHEZ-VOUS ! Cette période de réforme est floue, rancunière, on se dit « mais pourquoi c’est forcément pour mon année qu’il y a une réforme qui m’empêche de faire ce métier ?! » mais ce n’est pas une raison suffisante pour stopper sa vocation de kiné qui mènera à un avenir toujours plein de surprises, de rencontres, de partages, de soins, et ça pour les dizaines d’années qui suivront le diplôme. Renseignez-vous bien, auprès de différents acteurs, pour avoir le maximum de cartes en poche et ne pas regretter d’avoir tenté une voie d’admission plutôt qu’une autre. »

Merci Kiné-Web !

 

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